vendredi 21 septembre 2012

Le coup de gueule qui me plait

Il me plait ce coup de gueule mais il n'est pas de moi. Encore une raison qui me fait réfléchir un peu plus sur ma pratique. Quelle orientation prendre pour l'an prochain? En tout cas, si des doutes subsistent, ils ne sont pas en direction de Cham', au moins pas au mois d'Aout !

Des porcs et des mufles?

ou comment les trailers pourraient tuer le Trail, et l'Ultra-Trail du Mont-Blanc® en particulier.


Vendredi 31 août 2012, 19 h. La flotte de Christophe Colomb part à l'assaut du Mont-Blanc, mais cette année, elle va laisser des souvenirs écœurants sur la place du Triangle de l'amitié.

Vendredi 31 août 2012, 19 h 15. Nous sommes bien obligés de constater que le trailer tel que nous l’avons connu lors de la première édition, en 2003, n’est plus le même. Il s’est multiplié et pas toujours de la plus belle manière. Pour fêter cette 10e édition, l’aire mythique du départ a été transformée en poubelle. Elle est jonchée de sacs poubelles et de vieux journaux dont les coureurs se sont vêtus pour se protéger de la pluie avant le départ (mais à quoi donc servent leurs vestes ???) et de bouteilles en plastiques qui leur ont permis une hydratation optimale jusqu'au top départ et qu'il est si facile de jeter par terre quand elle devient inutile. Nous voilà sur les Champs-Élysées dans les minutes qui suivent le départ du marathon de Paris.
Et malheureusement, ce n’était qu’un début : nous ne comptons plus les témoignages de coureurs scandalisés d'avoir vu autant de tubes de gels et d’emballage qui jonchaient les sentiers. Comme s’il était devenu normal de compter sur les autres pour nettoyer derrière soi ?!
Sans complexes… Dans l’été les témoignages de bénévoles, de randonneurs, de gardiens de refuge, d’habitants du pays du Mont-Blanc, et aussi de coureurs, se sont multipliés. À charge. Les uns complètent les autres, l’accusation se précise, s’amplifie, la honte nous étreint, et la question du sens de cette fête que nous organisons se pose plus que jamais.
Le coureur d’ultra est-il devenu un porc doublé d’un mufle ?
(...)

Ce groupe qui lors d’une reconnaissance nocturne s’arrête sur la terrasse d’un refuge pour rire et plaisanter comme au spectacle s’est-il demandé si quelques pauvres humains souhaitaient dormir au calme ? Et pourquoi pas invectiver ce gardien de refuge qui ne veut pas comprendre que « Il n’y a plus de place » n’est pas une réponse à proposer à un coureur qui arrive à l’improviste. Mais pas d’excuses, bien sur, à cet autre gardien à qui l’on avait réservé une place, mais chez qui on ne s’arrêtera pas car on a pu progresser plus vite que prévu.
Une flamme qui vacille. Le trailer nouvelle génération devient incapable de s’arrêter 30 secondes pour discuter avec un randonneur. Les promeneurs trop lents sont priés sans ambages de se pousser du parcours, pour laisser passer les coureurs racés, les hommes de l’extrême, ces êtres supérieurs qui sacrifient tout pendant des mois pour atteindre leur Graal… d’égoïsme. Ou comment jeter de sublimes valeurs dans la fosse à purin.
La liste est malheureusement beaucoup plus longue que ces quelques exemples édifiants. Les principaux intéressés ne se sentiront sûrement pas concernés. Nous sommes pourtant tous concernés, tous coupables, tous responsables, de permettre l’émergence de tels comportements.
Deux semaines après l’arrivée, nous constatons des faits, rien de plus, et sans chercher à réagir à chaud. Nous constatons avec tristesse, et avec une certaine colère également. Mais nous savons aussi que subsiste parmi nous cette flamme qui nous a réunis. Nous pouvons souffler gaiement les dix bougies, mais celle-là, ne la laissons pas s’éteindre.

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