mardi 24 juillet 2012

ultraBeaufortain (épisode 2)

La mise en suspense des scénaristes fait perdre la boule à certains lecteurs, je vous délivre enfin de cette tension insoutenable.

Dans le premier épisode, Jujutrail se liait d'amour avec Eric Robert le dromois. Malheureusement, cette idylle prenait fin dans le pierrier. Bien que pas loin derrière, je me lançais à la poursuite de Guillaume Thibault l'annecien et de sa 18e place. On se racontera notre vie jusqu'au ravito de la Gitte. Cette relation vivra des hauts et des bas. On se régalera sur les crêtes de la gitte où nous attendra l'un des 35 points de contrôle gérés par d'impertubables bénévoles, insensibles aux intempéries.

Passage surfréquenté sur le col utmbiste du Bonhomme avant un époustouflant passage du curé qui aura gratté la roche à la petite cuillère pour prêcher la bonne parole au hameau de la Gittaz ou gitt' pour les autochtones. S'ensuit une bonne partie de freestyle campagnard sur le sentier boueux, tracé à grands renforts de galloches bovines. Le ravito mettra encore fin à cette amourette passagère. Objectif, se faire la malle pendant 2h jusqu'au joli col joli. Je suis peiné de retouver mes ex, bras dessus, bras dessous ! Je fais le loup solitaire qui traine sa savatte sur une piste taillé à la serpette dans un champ d'épinard. Au sommet, mes deux poursuivants poursuivent. Je deviens alors leur poursuivant à distance respectable.

Au Joli (km 71), il est 16h. Nous reprenons notre ménage à trois en direction des alpages. Le ciel s'éclaircit et nous offre une magnifique vue sur Roselend et sur l'impressionant Charvin. C'est roulant et glissant. Les étrons (ou déjections) des beaufortaines  se jouent de notre adhérence. On ne compte plus le nombre de flaque qui inonderont les chaussures de certains. La hauteur de mes hokas me transforme en aéroglisseur.

Le mantra interne devient "avance, avance, marche, marche.." J'atteinds les Saisies. Les calculs vont bon train,  à 10km/h en descente plus 300m+ pour le Bisanne, je vais donc arriver aux alentours de 20h30 ? Ravito express sous les clameurs de la foule en délire. Dré sous les pylones sur le Bisanne Express. Mon chemin de croix commence. Mon fardeau prend de l'ampleur en même temps que l'altitude. Je suis au bord de la déroute. Un ange m'accompagnera jusqu'à l'antenne sommitale en me motivant (merci à elle). Ma quête des sommets à poteau électrique se poursuit.

(hoka after Beaufortain, pas d'effondrement de la semelle)
C'est seul avec ma lassitude et mes douleurs partout que je m'élance dans le dénivelée négatif. 1400m-, le nez collé sur mon altimètre qui ne daigne pas descendre. Un fou furieux me déposera, genre un gars qui n'a pas pu courir 6500m+ ?!? C'est à 10' de l'arrivée qu'un choc électrique sous l'orteil viendra corser un peu plus l'affaire: le syndrôme de l'ampoule éclatée. Il ne manquait plus que ça. Je passe Queige puis le camping sous le luigi Barnum Vosgien?

16h45, 23e au scratch et 2e féminine, 103km et 6500m+ (à ma montre). Le sentiment du devoir accompli. Pas de douleur au thorax (merci Christine pour la sophro) mais des douleurs à peu près partout ailleurs. Félicitation à Jocelyn qui sera allé jusqu'au bout de l'effort pour rapporter le lot finisher et un morceau de Beaufort.


Après une nuit de repos, je suis surpris par mon état général, pas de courbatures à gogo ! récup dans les bains chauds islandais !!!

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